Un nouveau test pour détecter la toxoplasmose chronique
Une équipe de chercheurs de l’Inserm a récemment mis en évidence l’existence de deux protéines du parasite responsable de la toxoplasmose, Toxoplasma gondii, qui pourraient être utilisées pour détecter les infections chroniques dormantes. Ce test, combiné aux tests sanguins conventionnels, pourrait fournir des informations précieuses sur l’état de santé des patients.
Une maladie complexe et insidieuse
La toxoplasmose est une maladie causée par un parasite qui se transmet principalement entre les chats et les rongeurs, mais peut également toucher les humains par le biais de l’alimentation ou du contact avec les selles d’un animal infecté. Dans la majorité des cas, la maladie se manifeste par des symptômes bénins, tels que de la fièvre et de la fatigue, qui disparaissent en quelques semaines grâce à l’action du système immunitaire. Cependant, chez les personnes immunodéprimées ou les femmes enceintes, la toxoplasmose peut entraîner des complications graves, voire mortelles, en raison de la capacité du parasite à se cacher dans certaines parties du corps, comme le cerveau ou les muscles.
Un test novateur pour détecter les formes dormantes de la maladie
Jusqu’à présent, il n’existait aucun test permettant de déterminer si une personne infectée par le parasite était porteuse de formes dormantes. Cependant, grâce aux travaux de Marie Robert, doctorante au sein de l’équipe de recherche Toxoplasmose et coévolution hôte-parasite dirigée par le chercheur Inserm Mohamed-Ali Hakimi, un nouveau test a été développé. En combinant le dosage de deux protéines spécifiques du parasite, BCLA et BSM, ce test permet de détecter plus efficacement la présence de kystes contenant des formes dormantes de Toxoplasma gondii. De plus, il pourrait également fournir des informations sur l’évolution de la maladie et aider à adapter la prise en charge des patients.
Des perspectives cliniques prometteuses
Ce nouveau test pourrait être utilisé dans la routine clinique pour identifier les personnes immunodéprimées chez qui le parasite pourrait se réactiver, ainsi que les femmes enceintes qui ont été infectées dans le passé et sont porteuses de formes dormantes. De plus, il pourrait ouvrir de nouvelles perspectives en psychiatrie, en permettant de mieux comprendre le lien potentiel entre la présence de parasites dormants dans l’organisme et certaines maladies mentales, telles que la schizophrénie ou la maladie d’Alzheimer.
Mohamed-Ali Hakimi souligne également l’importance du travail méthodologique que Christopher Swale, chercheur Inserm au sein de son équipe, a mené aux côtés de Marie Robert : « Pour conduire ces expérimentations, ils ont utilisé une technique de biologie moléculaire – la reprogrammation épigénétique de tachyzoïtes – qui a permis de produire de grandes quantités de bradyzoïtes in vitro, évitant le sacrifice de milliers de souris qu’auraient nécessité des méthodes expérimentales conventionnelles. C’est important pour une recherche scientifique plus éthique. »
Mohamed-Ali Hakimi dirige l’équipe Toxoplasmose & Hôte-parasite coévolution à l’Institut pour l’avancée des biosciences (unité 1209 Inserm/CNRS/Université Grenoble Alpes), à Grenoble.
Sources :
Étude scientifique publiée dans la revue Scientific Reports : « Serological biomarkers in toxoplasmosis: BCLA and BSM » (https://www.nature.com/articles/s41598-021-84471-8)
Cet article a été adapté à partir de contenus publiés par l’Inserm. Retrouvez l’article source et l’ensemble des références sur le site de l’Inserm.
M. Robert et coll. Uncovering biomarkers for chronic toxoplasmosis detection highlights alternative pathways shaping parasite dormancy. EMBO Mol Med, mai 2025 ; doi : 10.1038/s44321-025–00252‑0