Inserm Fondation

Paludisme : quand les résistances échappent aux radars de la recherche

Paludisme

Résistance au paludisme : comprendre pour mieux agir

Le paludisme, également appelé malaria, est une maladie parasitaire transmise aux humains par certaines espèces de moustiques. Chaque année, cette maladie infecte plus de 260 millions de personnes et entraîne environ 600 000 décès. Pour lutter contre cette maladie, les traitements à base de dérivés d’artémisinine ont été développés, mais ces dernières années, des cas de résistance ont été signalés, menaçant l’efficacité des traitements actuels.

Des chercheurs de l’Inserm, du CNRS et de l’Institut Pasteur se penchent sur les mécanismes de résistance

Pour mieux comprendre ces résistances et adapter les stratégies de lutte, des chercheurs de l’Inserm, du CNRS et de l’Institut Pasteur ont mené des études sur les mécanismes d’échappement des parasites aux traitements. Ils ont ainsi découvert que certains parasites résistants échappent aux tests de détection actuels, ce qui peut fausser les données de surveillance et de prévention. L’équipe de chercheurs travaille donc à l’identification de ces mécanismes pour mieux les prendre en compte dans la lutte contre le paludisme.

« Les formes jeunes du parasite sont a priori les plus résistantes, d’où la réalisation du test de détection lors du stade anneau de son cycle de vie, commente la chercheuse. Mais ce que nous observons ici est totalement différent. Dans les lignées parasitaires que nous avons étudiées, les jeunes parasites étaient sensibles aux médicaments, mais ils y devenaient insensibles par la suite. En se focalisant sur les formes les plus jeunes, le test des stades anneaux semble donc inadapté pour identifier ce basculement. »

Adapter les tests pour une meilleure surveillance

Actuellement, la surveillance de la résistance au paludisme repose sur deux tests réalisés en laboratoire : le premier vise à détecter une mutation sur un gène spécifique du parasite, tandis que le second mesure le taux de survie des jeunes parasites exposés au traitement. Cependant, ces tests ne sont pas suffisamment sensibles pour détecter toutes les formes de résistance, comme l’ont montré les expériences menées par l’équipe de chercheurs. Afin de mieux surveiller et prévenir la propagation de la résistance, il est donc nécessaire d’adapter ces tests en prenant en compte d’autres mécanismes d’échappement des parasites.

Lucie Paloque est chercheuse au Laboratoire de chimie de coordination du CNRS, dans l’équipe Nouvelles molécules antipaludiques et approches pharmacologiques dirigée par Françoise Benoit-Vical (unité Inserm 1289), à Toulouse.

Sources :

L. Paloque et coll. Artemisinin pressure in field isolates can select highly resistant Plasmodium falciparum parasites with unconventional phenotype and no K13 mutation. Antimicrobial Agents and Chemotherapy, 4 février 2025 ; doi : 10.1128/aac.01541–24

« Cet article a été adapté à partir de contenus publiés par l’Inserm. Retrouvez l’article source et l’ensemble des références sur le site de l’Inserm. »

Aller au contenu principal