Le rôle des microARN dans les mécanismes des MICI.
Les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI) sont des pathologies qui touchent plus de 200 000 Français, dont 10% d’enfants. Ces maladies, telles que la maladie de Crohn et la rectocolite hémorragique, se caractérisent par une inflammation chronique de l’intestin, causée par une réaction immunitaire excessive et persistante. Malgré l’existence de traitements pour atténuer l’inflammation, jusqu’à 50% des patients deviennent résistants à ces médicaments avec le temps. Cependant, une nouvelle étude menée par Émilie Viennois et son équipe de chercheurs de l’Inserm a identifié une cible thérapeutique prometteuse : les microARN.
Les microARN : de puissants régulateurs de l’expression génétique
Les microARN ont été découverts en 1993 et font partie de la même famille de molécules que les ARN messagers (ARNm). Cependant, contrairement aux ARNm qui codent pour des protéines, les microARN ont une taille beaucoup plus petite (maximum de 22 nucléotides) et sont impliqués dans la régulation de l’expression des gènes. Les chercheurs ont observé que deux microARN, let-7b et miR-21, étaient présents en quantité élevée dans les selles des personnes et des souris souffrant d’inflammation intestinale. En administrant ces deux molécules à des souris non prédisposées à développer l’inflammation, les scientifiques ont constaté des perturbations typiques de cette pathologie, telles qu’une augmentation de la production de molécules inflammatoires et des changements dans la composition du microbiote intestinal.
Une nouvelle approche thérapeutique prometteuse
En menant des expériences sur des souris dépourvues de microbiote et en utilisant des cultures de microbiote humain, l’équipe de recherche a pu déterminer que let-7b et miR-21 agissent directement sur le microbiote intestinal, contribuant ainsi à l’inflammation. En bloquant l’action de ces microARN à l’aide de molécules inhibitrices, les chercheurs ont réussi à prévenir l’augmentation de la production de molécules inflammatoires chez des souris prédisposées à développer une inflammation intestinale. De plus, la survie des rongeurs après 80 jours s’est améliorée de 25 à 40% selon l’inhibiteur utilisé. Une demande de brevet international a été déposée pour protéger cette nouvelle approche thérapeutique.
Émilie Viennois est chercheuse au Centre de recherche sur l’inflammation à Paris (CRI, unité 1149 Inserm/Université Paris-Cité).
Sources
M. Casado-Bedmar et al. Fecal let-7b and miR-21 directly modulate the intestinal microbiota, driving chronic inflammation. Gut microbes., 3 septembre 2024 ; doi : 10.1080/19490976.2024.2394249
Cet article a été adapté à partir de contenus publiés par l’Inserm. Retrouvez l’article source et l’ensemble des références sur le site de l’Inserm.