Évolution de la sexualité des adolescents : état des lieux.
La sexualité des adolescents est un sujet complexe en constante évolution, comme le confirment de nombreuses études scientifiques. Selon l’enquête Contexte des sexualités en France 2023 (CSF-2023) menée par l’Inserm auprès de plus de 20 000 adultes, la sexualité des adolescents subit plusieurs changements importants, tels qu’une entrée dans la sexualité plus tardive, une parole plus libre, des rapports moins bien protégés et l’émergence de violences numériques.
Des études concordantes
Selon Nathalie Bajos, sociologue et directrice de recherche à l’Inserm à Paris, les résultats de l’enquête CSF-2023 trouvent écho dans d’autres études menées auprès des adolescents, telles que l’Enquête nationale en collèges et en lycées chez les adolescents sur la santé et les substances (EnCLASS) ou encore l’étude Vie affective et violences sexuelles à l’adolescence (Vavisa). Ces études montrent toutes une entrée plus tardive dans la sexualité, une diversification des pratiques et une utilisation croissante de la sexualité numérique. De plus, les adolescents sont également plus enclins à déclarer une attirance ou des sentiments amoureux envers les personnes du même sexe ou des deux sexes.
Des comportements à risque
Les résultats de l’enquête EnCLASS montrent également une baisse de la proportion d’adolescents ayant eu des rapports sexuels entre 2010 et 2022, ainsi qu’une diminution de l’utilisation du préservatif au collège. De plus, l’enquête CSF-2023 révèle que seul la moitié des jeunes femmes se protègent lors d’un premier rapport avec un nouveau partenaire, malgré une augmentation du taux d’infections sexuellement transmissibles. Ces comportements à risque peuvent également être liés à une utilisation insuffisante de la contraception, comme le montre la désaffection pour la pilule au profit d’autres moyens de contraception.
Des violences sexuelles préoccupantes
Outre les risques sanitaires, l’enquête CSF-2023 met également en lumière une augmentation des déclarations de violences sexuelles chez les adolescents. Selon Emmanuelle Godeau, coordinatrice de l’enquête EnCLASS, cette hausse peut s’expliquer par une meilleure capacité à qualifier ces violences et une plus grande facilité à les évoquer dans le cadre d’une recherche. Cependant, l’enquête Vavisa, menée auprès de jeunes vulnérables âgés de 15 à 21 ans, confirme ces résultats inquiétants, avec un tiers des participants ayant déjà eu une expérience sexuelle sans en avoir envie, et près de 70% ayant déjà regardé de la pornographie. De plus, un quart des participants ont été victimes de cyberviolences, telles que des insultes ou des images à caractère sexuel non souhaitées.
Des programmes éducatifs efficaces
Selon Fabienne El Khoury, épidémiologiste et chercheuse à l’Inserm, les programmes éducatifs tels que celui qui sera renforcé à la rentrée prochaine en matière d’éducation à la vie affective, relationnelle et à la sexualité, sont efficaces pour limiter les violences et favoriser le respect et l’égalité. Cependant, ces programmes doivent être mis en place de manière durable pour obtenir des résultats concrets.
Conclusion
En conclusion, les études menées sur la sexualité des adolescents montrent une évolution de leurs comportements et de leurs pratiques, ainsi qu’une augmentation des violences sexuelles. Cependant, des programmes éducatifs efficaces peuvent contribuer à limiter ces risques et à favoriser une sexualité plus saine et respectueuse. Il est donc essentiel de poursuivre les recherches et de mettre en place des actions de prévention adaptées aux adolescents.
Sources :
Nathalie Bajos est sociologue et directrice de recherche Inserm à l’Institut de recherche interdisciplinaire sur les enjeux sociaux (unité 997 Inserm/ CNRS/EHESS/ Université Sorbonne Paris Nord), à Paris.
Emmanuelle Godeau est enseignante chercheuse à l’École des hautes études en santé publique et au Centre d’épidémiologie et de recherche en santé des populations de Toulouse (unité 1295 Inserm/ Université Toulouse).
Fabienne El Khoury est épidémiologiste et chercheuse à l’Institut Pierre-Louis d’épidémiologie et de santé publique (unité 1136 Inserm/ Sorbonne Université), à Paris.
Cet article a été adapté à partir de contenus publiés par l’Inserm. Retrouvez l’article source et l’ensemble des références sur le site de l’Inserm.