Un modèle mathématique pour optimiser l’utilisation des antiviraux dans les foyers
Une équipe de chercheurs franciliens, composée notamment de Jérémie Guedj, chercheur à l’Inserm, et de Hind Zaaraoui, post-doctorante, a développé un modèle mathématique visant à optimiser l’utilisation des antiviraux dans les foyers pour limiter la propagation des virus respiratoires tels que la grippe ou la Covid-19. Cette étude met en lumière l’importance de l’administration précoce de ces médicaments, ainsi que leur potentiel en tant qu’outil de prévention de la transmission virale.
Des antiviraux peu utilisés malgré leur efficacité
Bien que les antiviraux soient efficaces contre les infections respiratoires, leur utilisation reste limitée, en particulier en France, en raison de craintes d’interactions médicamenteuses et de développement de résistances. Selon Jérémie Guedj, ces molécules sont d’autant plus efficaces qu’elles sont administrées tôt au cours de l’infection. Cependant, leur intérêt en tant que traitement préventif ou pour réduire la transmission reste encore mal compris.
Un potentiel à explorer dans les foyers
C’est dans ce contexte que Hind Zaaraoui a travaillé sur un modèle mathématique permettant de simuler l’effet des antiviraux sur la charge virale et la probabilité de transmission au sein d’une petite population, telle qu’une famille. Les résultats de cette étude montrent que l’administration précoce d’antiviraux à une personne infectée peut réduire la transmission et la charge virale de plus de 75%. En revanche, si le traitement est administré tardivement, il est plus pertinent de traiter préventivement l’ensemble des membres du foyer. Cependant, l’efficacité du traitement préventif dépendra des caractéristiques du virus en question.
Une alternative à l’isolement
Selon Jérémie Guedj, cette étude suggère qu’il existe une alternative efficace à l’isolement pour endiguer une épidémie. Les chercheurs envisagent désormais d’appliquer leur modèle aux épidémies qui surviennent dans les maisons de retraite, afin de confirmer la robustesse de leur modèle et l’efficacité des antiviraux dans ce contexte. Cependant, la mise en place d’essais cliniques dans ces établissements peut être complexe et nécessite une forte coordination entre les différents acteurs de santé.
Des études cliniques à venir dans les maisons de retraite
Les chercheurs espèrent ainsi que leur travail pourra contribuer à une meilleure utilisation des antiviraux dans la prévention et le traitement des infections respiratoires. Ils soulignent également l’importance de mobiliser les pouvoirs publics, les professionnels de santé et les établissements médicosociaux pour faciliter la mise en place d’essais cliniques dans les maisons de retraite.
Jérémie Guedj dirige l’équipe Modélisation et investigation clinique dans les maladies infectieuses dans l’unité Infection antimicrobiens modélisation évolution (IAME, unité 1137 Inserm/ Université Paris Cité), à Paris. Lulla Opatowski dirige le groupe de modélisation au sein de l’équipe Échappement aux anti-infectieux et pharmacoépidémiologie, au Centre de recherche en épidémiologie et santé des populations (CESP, unité 1018 Inserm/Université Versailles Saint-Quentin).
Sources :
H. Zaaraoui et coll. Modelling the effectiveness of antiviral treatment strategies to prevent household transmission of acute respiratory viruses. PLoS Comput Biol. 5 décembre 2024 ; doi :10.1371/journal.pcbi.1012573
Cet article a été adapté à partir de contenus publiés par l’Inserm. Retrouvez l’article source et l’ensemble des références sur le site de l’Inserm.