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Maladie du foie gras : nouvelles pistes autour des amibes intestinales

Maladie du foie gras : un effet protecteur des amibes intestinales

Les amibes : des parasites indésirables aux potentiels alliés contre la stéatose hépatique

Lorsqu’on parle d’amibes, on pense généralement à des microorganismes unicellulaires responsables de diarrhées. Pourtant, une équipe de chercheurs du Centre de recherche sur l’inflammation à Paris, dirigée par Jean-Pierre Hugot, a récemment démontré que ces organismes pourraient avoir un rôle bénéfique dans la prévention de la stéatose hépatique, communément appelée « maladie du foie gras ». Alors que les amibes ont quasiment disparu dans les intestins des populations occidentales, cette étude soulève des questions quant à leur impact sur notre santé et notre microbiote intestinal.

Le régime alimentaire occidental, un facteur de risque pour le syndrome métabolique

Le régime alimentaire occidental, caractérisé par une consommation élevée de gras et de sucre, est associé à un risque accru de syndrome métabolique. Ce dernier comprend des troubles tels que le surpoids, la résistance à l’insuline, les dyslipidémies et la stéatose hépatique, qui peuvent conduire à des maladies cardiovasculaires et augmenter le risque de décès. Si de nombreuses études ont déjà établi un lien entre ce type d’alimentation et le syndrome métabolique, d’autres facteurs pourraient également jouer un rôle. C’est dans cette optique que l’équipe de Jean-Pierre Hugot s’est intéressée aux amibes.

Les amibes : des organismes en voie de disparition dans les intestins des occidentaux

Les amibes font partie de la diversité du microbiote intestinal humain depuis des millénaires. Cependant, elles ont quasiment disparu chez les personnes ayant adopté un mode de vie occidental. Cette perte pourrait s’expliquer par l’amélioration de l’hygiène, notamment en ce qui concerne le traitement de l’eau et des aliments, car les amibes sont principalement transmises par une consommation de produits contaminés. Pourtant, ces organismes unicellulaires ont cohabité avec nous pendant des millénaires, ce qui suggère une certaine symbiose. Les chercheurs se sont donc demandé si leur disparition pouvait avoir un impact sur notre santé.

En utilisant un modèle de souris, l’équipe a constaté que la présence d’amibes dans le microbiote intestinal modifiait sa composition, ce qui n’est pas surprenant étant donné que ces organismes se nourrissent de bactéries et de résidus alimentaires. Mais, dans le contexte étudié, cette modification a un effet bénéfique : les amibes rééquilibrent le microbiote intestinal perturbé par une alimentation riche en graisses. De plus, les chercheurs ont également observé une réduction du risque de stéatose hépatique chez les souris colonisées par les amibes.

Ces résultats suggèrent que les amibes pourraient avoir un effet protecteur contre la stéatose hépatique, soit en améliorant le métabolisme, soit en produisant une molécule bénéfique appelée AMPc. Cette étude ouvre donc de nouvelles perspectives pour comprendre l’impact des amibes sur notre santé et découvrir de potentiels mécanismes de protection contre la stéatose hépatique. Ces résultats sont renforcés par une étude épidémiologique récente, qui a également mis en évidence l’effet bénéfique d’autres protozoaires (Blastocystis hominis) chez l’humain.

Sources

Cet article a été adapté à partir de contenus publiés par l’Inserm. Retrouvez l’article source et l’ensemble des références sur le site de l’Inserm.

Jean-Pierre Hugot est chercheur au Centre de recherche sur l’inflammation (unité 1149 Inserm/Université Paris-Cité), à Paris.

M.Roy et coll. Entamoeba muris mitigates metabolic consequences of high-fat-diet in mice. Gut Microbes, 13 octobre 2024 ; DOI : 10.1080/19490976.2024.2409210

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