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Pollution sonore : quelles conséquences sur notre santé ?

Le bruit, un danger pour notre santé

Le bruit est un phénomène omniprésent dans notre société moderne, et ses effets vont bien au-delà de la simple altération de notre audition. En effet, de nombreuses études ont démontré que le bruit peut avoir des conséquences néfastes sur notre santé. Il est donc essentiel de prendre conscience de ce danger et d’agir pour le réduire.

Un impact sur tout l’organisme

Selon une enquête de l’Ifop réalisée en 2022 pour l’Association nationale de l’audition, près de sept Français sur dix se disent gênés par le bruit. Et cette gêne n’est pas seulement auditive : le bruit peut entraîner des acouphènes, des pertes d’audition, mais aussi des troubles du sommeil, de la concentration, de l’apprentissage, de l’irritabilité et de la fatigue. En effet, l’exposition au bruit peut augmenter la fréquence cardiaque et la tension artérielle, ainsi que la sécrétion d’hormones. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la pollution sonore est le deuxième facteur environnemental ayant le plus d’impact sur la santé en Europe, après la pollution de l’air. Un rapport de l’Agence européenne pour l’environnement a également montré que les nuisances sonores contribuent chaque année à 48 000 nouveaux cas de maladies cardiaques et à 12 000 décès prématurés en Europe.

Basile Chaix, épidémiologiste environnemental à Paris, souligne également que le bruit est souvent sous-estimé en termes de dangerosité.

De nouveaux risques à évaluer

Outre les maladies cardiovasculaires, des études ont également suggéré des liens entre l’exposition au bruit et d’autres pathologies telles que la dépression, les démences, certains cancers, l’obésité et le diabète de type 2. Cependant, il manque encore des études à long terme sur de grands échantillons de population pour confirmer ces liens. C’est pourquoi le projet Brouhaha vise à fournir de telles données en étudiant l’impact de l’exposition au bruit des transports sur le risque de maladies cardiométaboliques, notamment du diabète de type 2.

Les chercheurs ont ainsi évalué l’exposition au bruit de près de 19 000 femmes vivant en Île-de-France ou en Auvergne Rhône-Alpes entre 2000 et 2014. Les premiers résultats de cette étude sont attendus prochainement. Le projet Brouhaha comporte également une étude sur les variations à court terme de certains indicateurs de santé en fonction de l’exposition au bruit.

Les déplacements, un facteur à prendre en compte

Si l’exposition au bruit est souvent évaluée en fonction du lieu d’habitation, il est important de prendre en compte les déplacements des individus. C’est ce qu’a démontré le projet MobiliSense, qui a étudié l’exposition au bruit de 259 habitants de la métropole du Grand Paris. Les résultats ont montré que les déplacements contribuent à hauteur de 37,2% à l’exposition quotidienne au bruit, alors que les participants n’y passent en moyenne que 2 heures et 14 minutes par jour. Les transports ferrés souterrains sont les principaux responsables de cette exposition, suivis des déplacements à vélo. Ces résultats soulignent l’importance de prendre en compte les déplacements dans la caractérisation de l’exposition au bruit.

Que peut-on faire pour réduire notre exposition au bruit, notamment dans les zones urbaines où réside plus de 80 % de la population française ? « Il est essentiel de créer des espaces de calme où l’ouïe et le corps peuvent se régénérer, d’améliorer les transports en commun – en particulier le métro – et de rendre les villes plus paisibles en limitant la circulation motorisée, sans pour autant léser les habitants des périphéries », explique Basile Chaix. Parmi les leviers d’action : ralentir le trafic routier, encourager les modes de déplacement doux ou encore introduire davantage de végétation en ville. Autant de mesures qui contribuent à la fois à réduire le bruit, la pollution de l’air et les émissions de gaz à effet de serre.

Le bruit est un danger pour notre santé, et il est essentiel de le prendre en compte dans nos modes de vie et dans les politiques de santé publique.

Basile Chaix est responsable de l’équipe Environnement, mobilité et santé à l’Institut Pierre-Louis d’épidémiologie et de santé publique (iPLesp,unité 1136 Inserm/Sorbonne Université) à Paris. Élodie Faure, Gianluca Severi et Alexis Elbaz sont chercheurs dans l’équipe Exposome et hérédité au Centre de recherche en épidémiologie et santé des populations (CESP, unité 1018 Inserm/Université Paris-Saclay/Université de Versailles-Saint-Quentin- en-Yvelines), à Villejuif.

Sources

G. Fancello et coll. Assessing the relationship between space-time behaviours and personal noise exposure using isotemporal substitution models in the Grand Paris area. J Expo Sci Environ Epidemiol., 21 mars 2025 ; doi : 10.1038/s41370-025–00765‑3

Cet article a été adapté à partir de contenus publiés par l’Inserm. Retrouvez l’article source et l’ensemble des références sur le site de l’Inserm.

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